Comment vaincre la peur de ne pas finir une course, un trail ou ultra trail ?

Tu t’es inscrit(e) à une course.

Tu t’entraînes. Tu progresses. Tu coches les cases.

Mais une peur revient. Toujours.

Et si je n’allais pas au bout ?
Et si j’abandonnais ?
Et si tout s’effondrait le jour J ?

🎯 Cette peur, tu n’es pas seul(e) à la ressentir.
C’est même l’une des plus fréquentes chez les coureurs, qu’ils visent un 10 km ou un ultra de 160 km.

Mais bonne nouvelle : elle se comprend, se travaille, et peut même devenir un moteur. Car derrière cette peur se cache une formidable opportunité de développement mental.


🔍 Les racines de cette peur : entre biologie et psychologie

La peur de l’abandon en course n’est ni un caprice, ni un signe de faiblesse mentale.

C’est un signal archaïque, profondément ancré dans ton système nerveux.

🧠 Côté biologique : ton cerveau veut te protéger

Le système nerveux autonome, piloté par le cerveau limbique et le tronc cérébral, a une mission claire : te maintenir en sécurité.

Il réagit par anticipation à toute situation perçue comme :

  • douloureuse,
  • incertaine,
  • énergivore,
  • socialement risquée (être vu en échec).

Un effort long, dans le dur, avec un risque d’abandon perçu ?
➡️ Pour ton cerveau ancestral, c’est une menace.

Résultat : il déclenche une réponse d’alerte avant même que tu aies mis un pied sur la ligne de départ.

Ce qu’on ressent alors :
🔹 tension musculaire,
🔹 appréhension constante,
🔹 pensées en boucle (“Et si je n’y arrive pas ?”).

C’est une activation préventive du stress. Elle n’est pas irrationnelle. Elle est biologiquement logique.


🧠 Côté psychologique : ton passé et tes croyances pèsent

Cette peur est aussi liée à des expériences antérieures. Elle peut naître de :

  • souvenirs de courses ratées ou abandonnées,
  • discours intérieurs critiques (“je ne suis pas assez fort”, “je ne suis pas un vrai coureur”),
  • pression de l’entourage (“tu vas exploser ton chrono ?”),
  • sur-identification à la performance (“si j’échoue, je vaux moins”).

👉 Ce n’est pas une faiblesse.
C’est un mécanisme de protection émotionnelle. Ton cerveau veut te préserver d’une potentielle blessure d’échec.


🙌 Pourquoi cette peur est normale (et saine)

Beaucoup de coureurs ont honte de cette peur.

Ils se disent qu’ils manquent de mental. Qu’ils sont seuls à ressentir ça.

🧠 En réalité, cette peur est proportionnelle à l’enjeu émotionnel.

Tu ne veux pas juste finir.

Tu veux être fier·e. Ne pas te trahir. Être à la hauteur. Tenir ta promesse.

Et ton cerveau, lui, sent ce poids. Il sait ce que cette course représente pour toi.

Plus l’objectif est important à tes yeux…

➡️ plus le stress monte en amont, souvent sous forme de doutes ou d’auto-sabotage anticipé.


⚠️ L’effet nocebo : ton cerveau anticipe l’échec

En neurosciences, on appelle cela l’effet nocebo :

Le simple fait d’imaginer un échec fragilise ta physiologie.

Tu augmentes :

  • ta tension nerveuse,
  • ton rythme cardiaque,
  • ta perception de la douleur.

Mais bonne nouvelle :

➡️ Ce phénomène est réversible.

Tu peux reconditionner ton cerveau pour qu’il anticipe autre chose : l’adaptation, la résilience, la continuité.


🛠️ 5 techniques pour désamorcer cette peur à l’entraînement (et le jour J)

Voici 5 outils puissants issus de la préparation mentale, à intégrer dans ton entraînement et ta routine mentale de course.


✅ 1. Expose-toi à l’inconfort mentalement maîtrisé

Ton cerveau ne devient pas fort parce qu’il évite la difficulté,
mais parce qu’il la traverse dans un cadre sécurisé.

🔹 Termine une sortie longue en mode mental only (fatigue, solitude, silence).
🔹 Va courir sous la pluie ou dans des conditions imprévues.
🔹 Choisis volontairement un parcours difficile ou inconnu.

🧠 Ce que tu fais ici : désensibilisation progressive à l’inconfort.

Tu envoies des messages positifs à ton système nerveux :

“Je gère.”
“Je tiens même dans le dur.”
“Ce n’est pas agréable, mais je sais rester dedans.”


✅ 2. Prépare un script mental de crise

Quand la peur surgit, le cerveau limbique prend le contrôle.
Il faut alors un point d’ancrage simple, court, répétable.

💬 “C’est juste un passage.”
💬 “Je l’avais prévu.”
💬 “Un pas. Puis un autre.”
💬 “Je suis capable. Je continue.”

🧠 Ce mantra est un levier de réactivation du cortex préfrontal (zone de décision, de calme, de lucidité).

C’est ta ceinture de sécurité mentale.


✅ 3. Compile tes preuves de résilience

Tu es déjà allé au bout malgré la douleur.
Tu as déjà résisté.
Tu as déjà été fort·e.

Mais ton cerveau ne s’en souvient pas toujours.

📓 Prends un carnet.

Liste 3 à 5 souvenirs précis où tu as géré une course, une blessure, un moment de crise.

Écris :

  • le contexte,
  • ce que tu as ressenti,
  • ce que tu as fait pour tenir,
  • ce que tu as ressenti après.

➡️ Tu construis une bibliothèque de résilience.

Ton cerveau y piochera le jour J, au lieu de replonger dans ses peurs.


✅ 4. Fixe un objectif émotionnel (pas seulement un chrono)

Tu veux aller au bout ? Oui.
Mais pourquoi ?

🧭 Fixe-toi un objectif d’attitude :

  • “Je veux finir digne.”
  • “Je veux tenir dans ma tête.”
  • “Je veux pouvoir me dire ‘j’ai tout donné’.”

👉 Ce type d’objectif ancre ta motivation dans quelque chose de plus profond que la performance.
Et il diminue la peur d’échouer :

Tu peux rater ton chrono mais réussir ton objectif d’attitude.


✅ 5. Reprogramme ton mental avec la visualisation immersive

🧠 Ton cerveau ne fait aucune différence entre ce qu’il vit et ce qu’il imagine vivre intensément.

➡️ Utilise la visualisation comme un entraînement du système nerveux.

Visualise :

  • Le moment où tu veux abandonner.
  • Ce que tu ressens dans le corps.
  • Ce que tu te dis à ce moment-là.
  • Puis imagine-toi choisir de continuer : tu respires, tu relèves la tête, tu avances.

Fais-le souvent, intensément, avec les 5 sens activés.

👉 Tu crées une empreinte neuronale de résistance.


🧠 Exercice guidé : ta projection anti-abandon

À faire 1 à 2 fois par semaine, en silence ou avant une séance.


✍️ Étape 1 – Écris ton scénario de doute

  • À quel moment tu risques de flancher ?
  • Quelles pensées surgissent ?
  • Qu’est-ce que tu ressens dans le corps ?

💬 Étape 2 – Écris ta réponse mentale

  • Quelle posture tu veux adopter ?
  • Quelle respiration ? Quel regard ?
  • Quelle phrase clé tu veux activer ?

🗣 Étape 3 – Lis ce script à voix haute

Répète-le à haute voix 1 fois par semaine.
Tu renforces ton autorité mentale.
Tu apprends à piloter ton état intérieur plutôt que le subir.


🎯 Conclusion : ta peur est normale. Mais elle n’a pas à diriger ta course.

La peur de ne pas finir, c’est le signe que ton objectif compte pour toi.

Tu peux la laisser t’envahir.

Ou tu peux choisir d’en faire une alliée :

  • En comprenant ses mécanismes,
  • En t’y préparant activement,
  • En cultivant des outils de résilience mentale.

Et surtout…

En te répétant ceci, jusqu’à ce que ce soit une certitude :

🧠 “Je ne suis pas là pour être parfait.
Je suis là pour tenir dans ma tête, coûte que coûte.

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